Colloque pour une pêche durable

Intervention d'Adeline L'Honen au colloque pour une pêche durable qui se déroulait le vendredi 6 mai 2011 à Saint Jacques de Compostelle en Espagne




Synthèse Marchés
a)  La Politique Commune des Pêches et de l’Aquaculture doit protéger le marché intérieur européen (des importations à bas prix,de basse qualité ou ne respectant pas les critères de gestion durable)
b)  OCM : Les outils de régulation des marchés doivent être maintenus et le support financier renforcé.
c)   Soutien à la structuration des filières comme objectif premier de l’OCM, en particulier au niveau des OP pour la 1ère mise en marché et le développement de démarches qualité encadrées au niveau européen.

Une politique alimentaire
Il est également utile de rappeler que la PCP et la PAC disposent d’une base juridique commune dans le traité,
. Cette base commune nous permet de rappeler que la PCP est, à l’image de la PAC, une politique alimentaire avant tout. 
Elle vise entre autres à garantir :
  • la sécurité des approvisionnements,
  • la stabilité des marchés et des prix raisonnables aux consommateurs. 
En tant que telle, la PCP devrait donc être considérée comme une politique stratégique pour l’UE, ayant pour but de contribuer à la sécurité alimentaire de ses citoyens, tout en assumant ses responsabilités vis-à-vis des équilibres alimentaires mondiaux.

Une politique économique
Mais  la pêche est aussi une activité économiqueet en tant que telle, elle a  pour but de faire vivre dignement ceux qui la pratiquent.
Pour avoir une pêche durable il faut une pêche rentable.

 Cet objectif ne pourra être atteint que par la prise en compte intégrée d’une filière, en veillant à une répartition équitable de la valeur ajoutée entre les différents maillons de la filière, et non pas en traitant séparément le secteur de la capture et l’aval de la filière.

 la pêche a  aussi besoin d’une organisation commune de marché efficace, capable d’atténuer les plus fortes variations de prix et d’assurer de justes conditions de compétition dans un marché particulièrement mondialisé.

Une politique de qualité
Dans un contexte de forte concurrence internationale et d’ouverture des marchés, les produits de la mer européens ne pourront se distinguer des autres que par leur qualité, à la fois du point de vue sanitaire, gustatif, mais aussi immatériel (bio, écolabel).
La PCP doit encourager les initiatives allant dans ce sens afin de permettre une valorisation optimale de ces produits au bénéfice de tous, producteurs comme consommateurs.


Marché des produits de la pêche : mieux réguler en interne comme en externe

Etat des lieux

Les produits de la pêche constituent une contribution essentielle à l’approvisionnement alimentaire de la population mondiale.
Mais contrairement au marché des produits agricoles, celui des produits de la pêche est particulièrement mondialisé. Aujourd’hui 37% de la production mondiale est exportée. Il s’agit d’un phénomène relativement récent qui a tendance à s’accélérer : entre 2000 et 2006, la part de la production exportée a augmenté de 32%. Les principaux pays producteurs sont dans l’ordre la Chine, les USA et le Pérou, mais ’essentiel de la production se fait en Asie (52%).
L’Union européenne reste donc largement à l’écart de cette évolution.
Elle en subit plutôt les conséquences : en 30 ans, la part des importations dans les produits de la mer consommés en Europe est passée de moins de 30% à près de 70%.

La problématique du secteur européen de la pêche n’est pas tant de gagner des marchés à l’exportation mais d’arrêter d’en perdre et de reconquérir son propre marché intérieur.
Pour ce faire, il devra se poser la question de la captation de l’essentiel de la valeur ajoutée par la grande distribution ainsi que mettre en place un système de mise en marché plus efficace au profit des pêcheurs.

Trouver un équilibre dans les accords internationaux

Contrairement aux autres produits alimentaires, les produits de la pêche et de l’aquaculture ne disposent pas d’un traitement particulier au sein des accords signés dans le cadre de l’OMC car ils sont considérés comme des produits industriels classiques.
 Ne faudrait-il pas que les accords internationaux prennent en compte la spécificité des produits de la mer ?
Il existe une véritable contradiction entre une politique volontariste sur la gestion durable de la ressource et l’ ouverture totale aux marchés mondiaux.
 A quoi bon protéger la ressource en Europe si les européens consomment du poisson surpêché ailleurs ?
La PCP doit permettre de protéger la production intérieure européenne des importations de mauvaise qualité, à bas prix et ne respectant pas les principes de gestion durable de la ressource.
Il n’est pas envisageable d’ouvrir davantage nos marchés dans ce secteur si l’Europe ambitionne de garder un tant soit peu son mot à dire sur la gestion des stocks halieutiques mondiaux.
Un équilibre plus juste doit être trouvé entre la régularité des approvisionnements pour l’industrie de la transformation et de la commercialisation d’une part, et une certaine forme de préférence communautaire d’autre part…..

Concernant les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP), leur suivi attentif est la condition sine qua non d’une gouvernance mondiale des pêches pour les stocks partagés avec des pays tiers. La Commission européenne doit suivre au nom des états membres l’activité de toutes les ORGP qui la concerne, y défendre activement les valeurs de l’Union, et tout mettre en œuvre pour favoriser la mise en place d’ORGP là où il n’en existe pas encore.

Organisation commune de marché

En tant que marché alimentaire extrêmement mondialisé, le marché des produits de la mer est par nature particulièrement sensible aux brusques variations de prix. Des outils de régulation au niveau européen sont donc indispensables. L’OCM actuelle doit être maintenue, d’autant plus que son budget, aux alentours de 25 M€ pour l’ensemble de l’UE, est très économe en comparaison des OCM agricoles.

Il est primordial de conserver une palette d’outils permettant d’intervenir sur les marchés en cas de besoin.
 Ces outils peuvent être mis en sommeil lorsque leur action n’est pas nécessaire, mais il serait très imprudent de les supprimer totalement.
 Les crises de marché sont en effet imprévisibles, et remettre en place en urgence des mécanismes supprimés prendrait trop de temps pour qu’ils soient efficaces.
 En complément de dispositifs de stockage et d’intervention, la possibilité d’avoir recours à une aide au retrait doit être conservée, tout en l’encadrant de manière à éviter qu’elle ne devienne un débouché systématique.
Les Régions de l’Ouest souhaitent remettre comme objectif premier de l’OCM pêche et aquaculture un véritable soutien à la structuration de ces filières en y consacrant des moyens financiers plus importants permettant une valorisation plus effective des produits.

Les organisations de producteurs (OP) sont les structures adéquates pour la mise en marché et sa régulation.
 La PCP doit encourager davantage la structuration du secteur en OP afin d’assurer la meilleure mise en marché possible pour les produits de la mer, sous tous ses aspects : valorisation, commercialisation, promotion, transparence des prix.
Concernant la valorisation des produits, le secteur de la pêche aurait tout intérêt à s’inspirer des modèles développés pour les produits agricoles qui ont fait leurs preuves (AOP, IGP). En complément des démarches d’écolabel, cela contribuerait en effet à répondre à un des problèmes majeurs du secteur : la distribution de la valeur ajoutée dans la filière.

Néanmoins, l’encadrement au niveau européen des démarches de labellisation est indispensable de manière à assurer des conditions de concurrence équitable.

L’OCM réalise également une importante activité normative. Nous ne pouvons que regretter la tendance actuelle de la Commission européenne à réduire cette activité sous prétexte de simplification, dans le secteur de la pêche comme dans beaucoup d’autres.

Des normes partagées et publiques sont pourtant la garantie d’une meilleure transparence sur le marché, tant pour les pêcheurs que pour les consommateurs. Elles sont de plus un élément essentiel de notre politique commerciale puisqu’elles permettent souvent de distinguer les produits européens des produits en provenance des pays tiers.
Des contrôles, tant sur les produits européens que sur les produits importés, doivent être assurés afin de garantir un bon niveau de qualité des produits halieutiques aux consommateurs.

Enfin, il serait pertinent d’entamer une réflexion sur les processus de mise en marché des produits de la pêche, afin de renforcer le poids du secteur productif dans la filière.
La PCP pourrait par ailleurs imaginer la mise en place d’outils d’intervention volontaristes pour créer un véritable marché européen des produits de la mer, valorisant d’abord les ressources européennes.

Les investissements publics doivent accompagner ces évolutions, notamment par le biais d’un FEP renforcé.
EN CONCLUSION ? je dirai , il faut impérativement que l’Europe intervienne au niveau du Marché.
En effet,  face à des importations croissantes  des produits de la Mer au détriment des produits EUROPEENS, nous proposons:
  •  l’instauration d’une certification publique des produits de la mer européens, afin qu’ils soient facilement identifiables par le consommateur.
  • Nous demandons également que ces importations soient soumises aux mêmes exigences sanitaires et environnementales et sociales de la PCP que les produits européens.
  • Nous souhaitons  aussi remettre la structuration des filières pêche et aquaculture comme l’objectif premier de l’OCM.

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